L’Education nationale accentue la lutte contre les fraudes aux examens
Les candidats à l'épreuve de philosophie du baccalauréat 2008 le 16 juin 2008 au lycée Chaptal à Paris. Jacques Demarthon AFP/Archives
Les fraudes sont facilitées par les téléphones « smartphones »… A quelques jours du baccalauréat, le ministère de l’Education nationale a publié une circulaire destinée à lutter contre la hausse des fraudes aux examens et concours, devenues plus faciles grâce à la généralisation des « smartphones » chez les jeunes.
« Il y a une hausse des fraudes liées à l’usage des téléphones portables: 32 cas de plus au baccalauréat général et technologique en 2009 par rapport à 2008 », a indiqué à l’AFP Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire.
« L’utilisation des téléphones portables et, plus largement, de tout appareil permettant des échanges ou la consultation d’informations, est interdite », indique la circulaire du ministère datée du 26 mai, en pleine période d’examens et de concours.
Dès lors, ils « doivent être impérativement éteints » et rangés dans le sac du candidat ou remis aux surveillants de salle.
Lundi, des professeurs de BTS d’Ile-de-France ont dénoncé des « fraudes » d’étudiants qui ont entaché selon eux les examens passés en mai à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Des étudiants auraient notamment « utilisé des téléphones avec accès internet ».
Nouvelles possibilités de fraudes
Antoine Tresgots, professeur d’histoire-géographie dans un lycée en province et membre du syndicat SE-Unsa, juge « très bien » que la circulaire « aborde le problème des téléphones portables car les progrès technologiques ouvrent de nouvelles possibilités de fraudes ».
Les techniques deviennent de plus en plus sophistiquées, confirme à l’AFP Amar Zendik, président de la société Mind-Technologies, citant la montre-téléphone, le stylo-téléphone, ou encore l’oreillette intra-auriculaire.
Des centres d’examens ont opté pour le brouillage des téléphones portables, mais cela pose un « problème technique et juridique », met en garde M. Blanquer.
« C’est très délicat car il faut éviter que le brouilleur ne perturbe le réseau autour de l’établissement scolaire », précise M. Zendik, qui a étudié pour le compte de plusieurs grandes universités le choix du type de brouilleur d’ondes, sa couverture et son implantation.
« Sentiment d’impunité »
Mais les bonnes vieilles méthodes persistent, rappelle à l’AFP une professeure d’anglais dans un lycée de l’académie de Bordeaux, qui a été confrontée à un cas de fraude lors d’une épreuve du bac. « Deux élèves, assis l’un derrière l’autre, avaient échangé leurs brouillons », l’élève qui avait un « brouillon vierge au bout de plus d’une heure de composition ayant récupéré celui de son camarade qui était griffonné », dit l’enseignante, qui a requis l’anonymat.
Ce qui n’était pas très futé car les élèves reçoivent des papiers de brouillon de couleurs différentes, souligne-t-elle. « J’ai rédigé un rapport avec ma collègue, mais j’ai vite compris qu’il n’y aurait pas de conséquences très graves », ajoute la professeure, qui relate un autre cas qui lui a été rapporté, survenu la même année.
Celui d’un jeune homme revenu des toilettes avec « des fiches qui sont tombées de son sweat-shirt. Il n’a pas eu son bac, a redoublé, et l’a finalement eu, alors qu’en principe on aurait dû lui interdire de passer un examen pendant cinq ans », poursuit l’enseignante.
Il y a des « des règles mais on s’aperçoit qu’il n’y a pas de sanctions. Les professeurs ne sont pas crédibles et les élèves ont un sentiment d’impunité », ajoute dépitée la professeure d’anglais. « Nous luttons contre cette impunité, il y a des procédures très claires et la sanction doit être conforme à la faute », a dit M. Blanquer, rappelant qu’outre les sanctions administratives, les fraudeurs sont passibles de poursuites pénales.
[via] © 2011 AFP, 20minutes.fr