Angoulême : une 38e édition pour mixer fête populaire et exigence éditoriale
DLDDLT (debout les damnés de la terre): le titre de l'exposition de Baru, président d'Angoulême 38, claque comme un manifeste. Photo PQR
Comme chaque année, la foule des bédéphiles va rejoindre ce week-end Angoulême pour un festival BD paradoxal. Il combine la ferveur populaire des amateurs, la plus grande librairie BD du monde et un jury qui va choisir des BD pointues, bien en avance sur les goûts majoritaires du public…
Mais qu’importe les psychodrames que cela va créer. L’heure est à la fête et à la découverte.
Le président du festival cette année est Baru, grand prix l’année dernière, et qui a eu la haute main sur l’organisation artistique du festival. Il a droit à son expo : il s’y souvient de sa jeunesse, passée dans le milieu ouvrier de Lorraine, qu’il a immortalisée dans ses premiers albums. Au coeur de la culture ouvrière, fils d’immigré italien, voilà un président qui rend hommage aussi au Rock’n roll, avec une expo particulière, et un double CD reprenant « 31 rocks du fond des âges ». Les titres ont été choisis par Baru et enregistrés avant 1960. D’où le titre de la compil : « Rock’n Roll antédiluvien ».
Les expos font partie des gènes d’Angoulême et fourmillent littéralement. Quelques-unes s’annoncent majeures : « Les mondes de Lanfeust », autour des séries phénomènes d’Arleston, Tarquin et Mourier les 60 ans des Peanuts, le génial strip de Schultz, la nouvelle génération d’auteurs belges, la BD de Hong Kong, l’Égypte antique… Les auteurs – on en annonce 1 500 ! – ne se cantonneront pas seulement aux dédicaces, exercice obligé mais pénible pour beaucoup.
Au fil des festivals, ils ont imaginé bien d’autres façons de rencontrer leur public : concours de dessins, qui font se répondre dessin et musique ou bien spectacle qui mêle dessinateurs et ligue d’improvisation théâtrale pour des compétitions pleines d’invention et de virtuosité.
Les ateliers, conférences et rencontres avec les professionnels sont partout dans la ville et les plus jeunes amateurs y sont très présents.
Les autres locomotives du festival sont bien entendu les stands des éditeurs, qui regorgent de merveilles, chaque année éditées avec davantage de soin. Une collection à compléter, un auteur à découvrir, un collector à s’offrir : il y a tout ce qu’il faut sous les bulles – le nom local des chapiteaux.
Enfin, il y a les prix, les dix « Fauves ». En regardant la liste des présélectionnés, – 86 albums, 42 éditeurs – on imagine déjà les mouvements d’humeur qu’ils vont susciter. Mais l’expérience prouve que les choix « élitistes » d’aujourd’hui seront les courants forts de demain. Le nouveau Grand prix de la ville d’Angoulême, qui présidera la prochaine édition, sera connu le même jour. Résultats dimanche.
[via] Denis Sénié, lavoixdunord.fr