Canicule -Les Moscovites encouragés à quitter la capitale
La mortalité a doublé dans la ville, étouffée par la chaleur et les incendies. Dans l’Oural, les flammes s’approchent de sites nucléaires. Les autorités sont sous le feu de la critique.
Des villageois tentent d'arrêter les incendies favorisés par la canicule, « le pire phénomène en mille ans », selon le directeur de la météo russe. EPA
700 morts par jour à Moscou. Les autorités ont fini par confirmer, hier, des estimations qui circulaient depuis plusieurs jours. « La mortalité a été multipliée par deux », reconnaît Andréï Seltsovski, chef du département de la Santé de la capitale, où le mercure a encore atteint 35°. À la canicule qui frappe l’Ouest de la Russie depuis le début de l’été, se sont ajoutées, depuis une semaine, les fumées ocre des feux de tourbières, rabattues vers Moscou par les vents de sud-est. Les indices de pollution au monoxyde de carbone et aux hydrocarbures sont trois fois supérieurs au seuil d’alerte dans la capitale, dix fois dans certaines villes de la région. Des ambulanciers affirment « arriver de plus en plus souvent alors que les patients sont morts ».
Sauve qui peut. Le médecin en chef russe, Alexandre Tchoutchaline, conseille à ceux des 10 millions de Moscovites qui le peuvent, de quitter la capitale, aucun mieux n’étant espéré avant le milieu de semaine. Malgré des vols retardés par la très faible visibilité, le Comité du transport aérien a enregistré, dimanche, une fréquentation record des aéroports : plus de 105 000 personnes ont quitté la capitale par avion. Pour ceux qui restent, la mairie de Moscou a ouvert 123 bâtiments publics climatisés, afin d’offrir « une bouffée d’oxygène », explique le porte-parole Vladimir Petrosyan.
Alerte nucléaire. La cinquantaine d’incendies autour de Moscou n’est qu’une partie de la catastrophe qui s’étend jusqu’à l’Oural : 190 000 hectares de forêts brûlaient dimanche, deux fois plus que le week-end précédent. Les autorités de Tchéliabinsk ont révélé avoir décrété l’état d’urgence, depuis vendredi, autour du centre nucléaire de Maïak. Ce gigantesque complexe, où l’on retraite 400 tonnes d’uranium par an, abrite des montagnes de déchets radioactifs. Le ministre des situations d’urgence, Sergueï Choïku, a demandé aux pompiers de travailler 24 heures sur 24 autour du centre d’armements nucléaires de Snejinsk, lui aussi menacé par les flammes.
Pluie de critiques. Les autorités russes donnent l’impression de flotter. Le maire de Moscou, Iouri Loujkov, n’est rentré de vacances que dimanche, tandis que le président Dmitri Medvedev paradait avec des soldats en Abkhazie. Des ONG supplient Vladimir Poutine de ravaler sa fierté et de solliciter une aide étrangère massive (des Canadairs italiens et un Dash-8 français sont arrivés). Les bloggers russes, relayés par la radio Écho de Moscou, se déchaînent contre le Premier ministre, qui a supprimé les gardes forestiers et « privatisé » les forêts : « Les trois mares, le camion de pompiers et même la sirène ont disparu », accuse l’un d’eux, depuis Tver, à 150 km de la capitale. Pour le rédacteur en chef adjoint de la station, Sergueï Bountman, cité par le Figaro, la « verticale du pouvoir », autrement dit l’autorité de l’État, tient désormais du « simulacre ».
[via] ouest-france.fr
