Violence

« Je me demande si le football est encore un jeu… »

Frappé par un joueur de Bresse Jura avant-hier, le dirigeant de Pont-de-Roide René Djakoni revient sur ce qui s’est passé lors de ce triste après-midi.

Passionné de football et licencié depuis 1961, René Djakoni (au premier plan) a vécu un dimanche très difficile. Archives Le Pays

Il la garde précieusement dans un recoin de son portefeuille. Jaunie, cornée, mais d’une valeur sentimentale évidente, la première licence de René Djakoni ne le quitte pas depuis bientôt 50 ans. Elle date de 1961.

Voilà en effet près d’un demi-siècle que ce passionné arpente les terrains de football de la région. « Et je n’avais encore jamais vécu cela », nous confiait-il hier. Dimanche après-midi, en effet, ce dirigeant historique de l’USPV a été agressé physiquement par un joueur de Bresse Jura (voir notre édition d’hier). Si le club jurassien met encore en doute ces faits, qui se sont déroulés pendant le match vers l’entrée des vestiaires, le visage de René, ainsi que le certificat médical qui lui a été délivré hier, ne laissent planer aucun doute.

J’ai payé les pots cassés

« J’ai pris un coup de boule, tout simplement , et ensuite je suis resté sonné par terre dans la boue, nous raconte le père de Philippe, le coach rudipontain. Ensuite, on m’a emmené à l’hôpital, et heureusement il n’y a pas de séquelle neurologique. De toute façon, ce qui m’a fait le plus mal n’est pas le coup en lui-même. C’est plutôt d’entendre certains Jurassiens dire que j’ai simulé, que je suis tombé tout seul, qui m’a vraiment blessé ».

Moralement, René Djakoni a forcément pris un coup. Hier matin, muni de son certificat médical, il est allé porter plainte à la gendarmerie de Pont-de-Roide. Mais c’est surtout pour son sport qu’il s’inquiète. « Désormais, je me demande vraiment si le football est encore un jeu, soupire-t-il. Je ne pense pas que les gens le prennent comme ça. Ce joueur, si je l’avais invectivé ou insulté, j’aurais dit qu’il avait eu la réaction d’un joueur vexé. Mais ce n’est même pas le cas ! C’est malheureux. Là, j’ai payé les pots cassés, et j’espère que ça participera au moins à l’éradiquer pour un moment du monde du foot ». La commission de discipline de la Ligue de Franche-Comté en décidera dans les jours ou semaines qui viennent. Tout comme elle devra se prononcer sur les sanctions sportives infligées aux deux équipes.

Qui de Bresse Jura, de l’USPV, qui n’a pas voulu reprendre le match après l’incident… ou des deux se verra retirer des points ? « C’est ça qui me gêne, l’aspect sportif, souffle René Djakoni. Encore une fois, j’ai payé les pots cassés. Mais j’espère que ça n’a pas été inutile. Ce qui m’est arrivé aurait pu arriver aussi aux joueurs par la suite, car des supporters étaient là avec des intentions belliqueuses ». Difficile, dans ces conditions, de dire si Pont-de-Roide aurait dû malgré tout revenir sur le terrain, comme le souhaitait l’arbitre M. Mazzola. Cette question semble après tout secondaire quand on constate le nouveau pic de violence qui a frappé la Franche-Comté du ballon rond ce week-end. « Mais il n’y a pas de souci, dimanche, je serai à nouveau au stade », sourit René en guise de conclusion. Face à lui, d’autres Jurassiens, ceux de Jura Sud/b. Avec, on l’espère, une issue uniquement sportive cette fois…

[ via l’article d’origine ]
de Sébastien Daucourt, lalsace.fr
publié, le 01 Décembre 2009