Au risque de recevoir des coups de balai des féministes…
↪ Mon travail n’a pas pour but de renvoyer les femmes à la maison, de relayer des propos machistes. Je ne parle pas des « toquées » du ménage, mais de ces femmes, de tout âge, de tout milieu social, pour qui tenir la maison est d’abord un mélange d’acte d’amour, d’entretien d’un cocon agréable pour la famille. Sans oublier le défoulement physique.

Et vous passez l’éponge pour les messieurs ?
↪ Ils sont plus nombreux qu’on ne le croit à avouer que le ménage ne les dérange pas. Là aussi, certains parlent de détente et surtout de partage des tâches. Encore faut-il que les femmes les laissent faire… Parfois, estimant que les hommes ne font pas aussi bien qu’elles, elles prennent tout en charge.

Autant de fées du logis à séduire pour le business ?
↪ Le secteur de l’hygiène a explosé. Il n’y a qu’à voir les rayons remplis de multiples produits et la pub autour des tâches domestiques. Les Français sont parmi les plus gros consommateurs de produits d’hygiène. Le ménage est entré dans la même catégorie que la décoration. On est aux antipodes de Cosette. On trouve des serpillières semblant venir des bureaux de design les plus inventifs, des plumeaux anti-courbatures, des aspirateurs ultra-silencieux… L’imagination est sans fin pour rendre agréable le ménage.

L’hygiène de vie peut-elle rejoindre l’hygiène de l’esprit ?
↪ Dans de nombreuses cultures et religions, le ménage revêt une importance capitale. En Chine, on dit que les démons se cachent dans la poussière, il faut donc nettoyer. Dans les familles israélites, le grand ménage précède la fête de la Pâque juive; les femmes musulmanes nettoient à fond leur maison avant l’Aid-al-Saghir… Autant d’exemples qui montrent que le ménage peut ressembler à une purification spirituelle.

Pinceau et plumeau peuvent aussi faire bon ménage…
↪ Les ménagères ont été les sujets de grands peintres comme Vermeer, Chardin, Le Titien, Degas, etc. De romanciers, aussi. Souvenons-nous de la formidable Félicité de Flaubert, des servantes de Molière ou des terribles bonnes de Genet. Des artistes contemporains, comme Annette Messager ou Jeff Koons, se sont inspirés de cette intimité de chacun.

[via]  propos Recueilli par Valérie Parlan, ouest-france.fr