la Haute-Saône recrute des médecins aux Pays-Bas
Face à la désertification médicale qui affecte de nombreuses campagnes et banlieues françaises, les élus de Haute-Saône n’hésitent pas à démarcher des médecins jusqu’aux Pays-Bas pour les convaincre de venir s’installer en Franche-Comté.
Le cadre bucolique de la Haute-Saône est mis en avant pour attirer les praticiens étrangers. Archives Raphael Hinninger
Stand entièrement traduit en hollandais avec présence d’une traductrice, banderoles vantant la qualité de vie de la région (espace, nature, immobilier à prix accessibles) et un slogan choc – « A 6 heures de chez vous » -, le Pays de Vesoul-Val-de-Saône a misé sur le salon de l’émigration d’Utrecht (9000 visiteurs), en Hollande qui s’est tenu mi-février.
Cette entité qui regroupe les élus locaux et associatifs de dix communautés de communes avait un objectif: persuader les professionnels de santé néerlandais de venir travailler en Haute-Saône.
Bonne pêche: à Utrecht, « nous avons établi 26 contacts qui seront étudiés », indique Nathalie Jarby, directrice du Pays. La France est le deuxième pays choisi par les Hollandais pour émigrer après les pays nordiques et les professionnels de santé sont la seconde profession à quitter la Hollande, précise-t-elle.
Ce territoire, qui couvre un tiers du département de la Haute-Saône, prévoit une baisse d’au moins 20% du nombre des médecins d’ici 2014, qui passeront ainsi de 71 à 49.
Pour remédier à la désertification médicale, le Pays offre aide et accompagnement aux praticiens candidats à l’immigration.
« Notre démarche est atypique: nous ne proposons pas d’argent aux médecins qui viendraient s’installer ici, mais nous les aidons à trouver un logement, une école pour leurs enfants, un travail pour leur conjoint », explique la directrice.
Une autre manière de lutter contre la désertification est le projet de créer trois nouvelles maisons de santé, regroupant plusieurs professionnels de santé dans le secteur. Un chargé de mission santé a été recruté en mars 2009 à cet effet.
La Franche-Comté est une région pilote en matière de création de maisons de santé, confirme Patrick Vuattoux, secrétaire de la Fédération française des maisons et pôles de santé.
Pendant la campagne des élections régionales de mars, les principaux candidats franc-comtois avaient ainsi proposé des stratégies pour remédier à la désertification médicale.
Lors de son précédent mandat, Marie-Guite Dufay, la présidente socialiste de la région réélue au second tour, avait apporté une contribution de 10.000 euros à la démarche du Pays de Vesoul (d’un coût de 50.000 EUR) sur le volet marketing territorial: embauche d’un chasseur de têtes, site internet, communication. Dans son programme de campagne, le PS avait fait part de son intention d’intensifier ce genre de collaboration.
En déficit de médecins depuis 20 ans, la France a d’abord recruté dans la plupart des pays francophones (Maghreb, Afrique noire, Proche-Orient), avant de démarcher maintenant dans des pays de l’Union européenne (UE), en raison des difficultés à embaucher hors UE.
Entre 2007 et 2008, un millier de médecins roumains sont ainsi venus s’installer en France. La Roumanie est, après la Belgique, le 2e principal pays pourvoyeur de médecins pour l’Hexagone, selon l’Ordre des Médecins qui publie mardi ses nouveaux atlas régionaux de la démographie médicale.
[via l’article d’origine ]
lalsace.fr
publié, le Lundi 12 Avril 2010
