Un printemps trop sec après un hiver humide
Peut-on déjà parler de sécheresse ? Les agriculteurs s’inquiètent. En avril et mai, les précipitations sont moitié moins abondantes que la normale. Mais il avait bien plu d’octobre à mars.
France : printemps Trop Sec - infographie
C’est le printemps. La végétation repart et a besoin d’eau. Problème, depuis deux mois, il en tombe peu. En particulier dans l’Ouest (voir l’infographie).
« Mais cette année n’est pas comparable avec 1989, 90, 91 ou 76. L’été, très sec, avait été précédé d’un hiver peu arrosé. Cette fois, les nappes phréatiques ont été bien alimentées, avec des précipitations dans la moyenne, voire plus abondantes, d’octobre à mars. On commence l’été avec des réserves de bon niveau, comme dans la plaine de Caen », explique Franck Baraer, climatologue à Météo France Rennes.
Irrigation avec un mois d’avance
De plus, les leçons des sécheresses ont été tirées. Il n’empêche, ce temps sec et très ensoleillé, avec un vent de nord-est incessant comme dans la Manche, inquiète les agriculteurs. Il risque d’affecter les rendements en herbe, en blé et en maïs.
« Le manque d’eau, conjugué au froid du printemps, a freiné la valorisation de l’azote par les cultures », explique Louis Gestin, chef du pôle agronomie des chambres d’agriculture de Bretagne. L’herbe n’a pas poussé normalement. En blé, on peut prédire des rendements en grains réduits. Et nous allons tout droit vers une pénurie de paille cet été. »
Le maïs était pourtant bien parti, mais les températures basses ont retardé la levée et certaines pousses ont même gelé. Dans l’immédiat, les regards se portent sur les prairies, où les premières fauches de foin ont déjà démarré. « Le rendement est moitié moindre que l’an passé, constate Philippe Guillerme, éleveur laitier biologique à Theix (Morbihan). L’hiver a été long et nos stocks d’herbe n’étaient déjà pas élevés. »
Tout l’Ouest est touché. Dans le Calvados, les céréales souffrent dans les petites terres. « On peut s’attendre à des pertes de 30 à 35 % sur les terres les plus séchantes », indique Samuel Hardy, de la chambre d’agriculture. Dans les Pays de la Loire, les irrigants ont mis en route les pompes avec un mois d’avance. Des conflits d’usage, notamment avec les besoins en eau potable, pourraient naître dans les secteurs déficitaires.
Dans les zones non irriguées, la première fauche de foin a été amoindrie de 40 %, en mai. La repousse, quasi inexistante, laisse présager une récolte maigrichonne en juin et des stocks fourragers hivernaux dégarnis.
Météo France n’est pas très optimiste pour les prochains jours. Les averses localisées ou les orages ne jouent qu’à la marge et ne profitent qu’aux parcelles arrosées. « Il n’y a pas de grosses perturbations attendues », indique le climatologue.
[via] ouest-france.fr