La montée des prix ne bénéficiera pas aux producteurs
Dans le Territoire de Belfort, presque tous les agriculteurs pratiquent la culture des céréales. Mais pas tous pour les mêmes raisons. « La moitié, c’est pour la consommation sur l’exploitation, explique Claude Monnier, président de la chambre d’agriculture du Territoire de Belfort. L’autre moitié, c’est pour la vente ».
Les moissons ont débuté en retard dans le Territoire de Belfort et ont été contrariées par les récentes pluies pourtant très attendues. Photo Thierry Gachon
La flambée des prix des céréales, due à la sécheresse et au blocage des exportations par la Russie, pouvait, en principe, bénéficier aux céréaliers, un point de vue que ne partage pas Claude Monnier.
« Le prix d’acompte versé aux agriculteurs pour leur production est identique à celui de l’an passé. Cette augmentation des prix est purement spéculative. Les prix ont été fixés il y a quelques mois et ne bougeront pas. L’augmentation, les agriculteurs n’en verront pas hélas la couleur. En fait, leur production est déjà vendue. »
Alors peut-être dans quelque temps ? « Pas sûr, rétorque Claude Monnier. Les prix peuvent retomber dans quelques semaines. On n’est pas dans le rationnel. C’est rageant, parce que le prix de la baguette va augmenter et une fois de plus les producteurs n’en bénéficieront pas. Et c’est encore le consommateur qui trinque ! C’est toujours dans le même sens ! »
La flambée des prix désespère certainement les éleveurs. Car leurs coûts de production augmentent et seront répercutés sur le prix de la viande. « La hausse du prix des céréales a un impact direct sur l’aliment du bétail. Si le blé est important dans la nourriture du cochon et du poulet, il l’est beaucoup moins dans l’élevage du bovin, indique-t-on à la FNSEA. Mais quand le blé monte -environ +50 % en un mois à la bourse de Paris-, les autres céréales suivent. L’orge fourragère a même doublé entre juin et aujourd’hui. »
Des conséquences au rayon boucherie
Or, l’alimentation du bétail représente 60 à 80 % des charges de l’éleveur. Le climat a été relativement sec depuis juin et la production d’herbe a été inférieure à une année normale. L’éleveur devra compenser par l’achat d’aliments de bétail dont une grande partie est faite à base de céréales, principalement le blé, l’orge et le maïs. Ainsi, selon les spécialistes, les prix de la viande devraient croître de 6 % à 10 %, et même de 10 % à 15 % pour le poulet.
« De toute façon, les éleveurs doivent toujours effectuer un complément alimentaire, en complément des céréales, souligne Claude Monnier, donc le risque d’augmentation du prix de la viande est bien réel. Et, une fois encore, ce ne sera pas l’éleveur qui en bénéficiera. »
Concernant les moissons, la récolte a été retardée. « Nous avons eu une semaine et demie de petites pluies alors que les blés étaient bons à moissonner, indique le président. La pluie qui était attendue est arrivée lorsqu’il ne fallait pas. Le blé, il faut le récolter lorsqu’il a atteint sa maturité, lorsqu’il a atteint son poids spécifique et lorsqu’il est bien sec. La pluie lui a fait perdre 10 % de son poids spécifique et il est juste panifiable. »
On saura donc, dans les semaines qui viennent, les retombées exactes de la flambée du prix des céréales sur les agriculteurs et les consommateurs.
[via] Dominique Lhomme, lalsace.fr
