France : La consultation sur les rythmes scolaires débute aujourd’hui
Le ministre de l’Éducation installe un comité de pilotage chargé de travailler sur l’équilibre entre le temps de l’école, le repos et les vacances.
France - études sur les rythmes de vie et les rythmes scolaires des enfants
Le débat entre chercheurs est déjà engagé. Entretien avec François Testu, professeur émérite en psychologie à l’université François-Rabelais de Tours. Ancien instituteur, il a piloté de nombreuses études sur les rythmes de vie et les rythmes scolaires des enfants.
Nos enfants sont-ils si malheureux à l’école pour que la question des rythmes scolaires préoccupe tant ?
Que les parents se rassurent : nos enfants se portent bien. Ils ont une vie scolaire relativement saine. Même si certaines politiques d’aménagement n’ont pas été probantes, comme la semaine des quatre jours. Elle est d’ailleurs remise en cause. C’est un retour à la raison ! Les parenthèses du mercredi et du week-end de deux jours provoquent des ruptures de rythme et donc de la fatigue.
La journée à l’allemande, avec cours le matin et sport l’après-midi, va être expérimentée à la rentrée dans une centaine de collèges et lycées en France. Est-ce « LA » solution ?
Je n’en suis pas persuadé. L’intérêt, c’est que ça permet un changement d’activité radical au cours de la journée. Ça peut redonner de la motivation aux enfants fâchés avec l’école. Mais on va se priver du meilleur moment de la journée au niveau de la performance scolaire pour partir faire du sport. Outre le pic d’attention entre 10 h 30 et 12 h, il est possible d’en observer un deuxième pour les enfants âgés de 10-11 ans aux alentours de 15 h 30.
La contrepartie de cette organisation, c’est l’allongement de la journée…
En effet. Et ça m’inquiète : elle est alourdie alors qu’il serait préférable de l’alléger. Elle s’étend dans le temps, puisque les enfants sont à l’école de 8 h 30 jusqu’à 18 h 30. Avec une pause réduite à sa plus simple expression, vers 13 h 30. Il vaut mieux réduire la durée journalière, pour laisser la place à des activités périscolaires (et pas uniquement sportives) vers 16 h, prises en charge par des collectivités, des associations avec des personnels formés…
Il est envisagé de faire évoluer le calendrier des vacances. Mais est-ce possible dans un pays où les lobbies touristiques sont si importants ?
On sait bien que la Toussaint n’intéresse pas l’économie touristique parce que la montagne n’est pas enneigée, la campagne est grisâtre et la mer est froide. Pourtant, c’est à cette période que nos enfants sont les plus fatigués. C’est le trimestre le plus long. Il faudrait passer d’une à deux semaines de vacances. Dans la mesure où l’on souhaite réduire la journée et, en même temps, conserver une régularité dans l’alternance des petites vacances (sept semaines de travail scolaire puis deux semaines de congés), on est obligé à la fois d’étaler le temps dans la semaine et l’année. Il est possible de rogner les grandes vacances d’une semaine, mais pas plus.
[via] Propos Recueilli par Lionel Cabioch, ouest-france.fr