France – L’assurance maladie sur le billard des économies
L'assurance maladie sur le billard des économies - Ouest-France
Assurés ponctionnés, médicaments moins remboursés, radiologues moins payés… Le bistouri gouvernemental semble prêt à opérer.
Une pilule à 2,5 milliards
Alors que le train de la réforme des retraites chemine difficilement vers le terminus, celui du redressement des comptes de la Sécu se met en branle. Et risque également de faire des mécontents, si l’on en croit les mesures envisagées au travers de fuites organisées, clairement destinées à faire passer la pilule.
En l’occurrence, elle pourrait peser 2,5 milliards d’économies pour 2011 sur l’estomac (le portefeuille) des assurés. Ce n’est pas vraiment une surprise : le déficit global prévu pour la seule branche maladie de la Sécu tourne autour de 13 milliards l’an prochain. Mais cela garantit quelques polémiques. D’autant que derrière la Sécu se profile un autre cactus coûteux, celui de la dépendance.
Les patients à la diète
La copie de l’ordonnance gouvernementale qui circule ne laisse aucun doute. Les médicaments aujourd’hui remboursés à 35 % ¯ les « vignettes bleues » ¯ ne le seraient plus qu’à 30 %. Ils représentent le quart des volumes prescrits par les médecins. Pour les consultations du médecin en ville, la prise en charge par la Sécu passerait de 70 à 69,5 %. À l’hôpital, la franchise de 20 % payée par les patients sur les actes jusqu’à 91 €, serait relevée de 91 à 120 €. Dans les affections de longue durée (cancer, diabète etc.) les frais de transport ne seraient plus systématiquement remboursés à 100 %. Des mesures de restriction sont également prévues pour les diabètes et les hypertensions bénignes. Au total les assurés auraient 500 millions de plus à leur charge.
Les professionnels pas épargnés
Que ce soit les industriels de la pharmacie priés de payer leur écot via la baisse des prix des médicaments ou les laboratoires d’analyse invités à revoir leurs tarifs à la baisse. Et également les radiologues qui perçoivent « des tarifs anormalement coûteux », relevait le dernier rapport annuel de la Cour des comptes sur la Sécu. Enfin les médecins de ville devraient eux aussi limiter leurs prescriptions de médicaments ou d’actes paramédicaux. Bref, comme dit Frédéric Van Roekeghem, le patron de l’assurance maladie, il y aurait « des efforts pour tous ».
Ça tousse à la Mutualité
Ce ne sont « que des pistes de travail », a affirmé Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé. On a connu des démentis plus crédibles. La Mutualité française ne s’y est pas trompée. Elle sait que c’est elle qui va devoir en bonne partie assumer les mauvaises nouvelles en augmentant ses coûts. Elle dénonce en conséquence « des mesures purement financières qui rendraient plus difficile l’accès aux soins ». Elle n’est pas seule au guichet des mécontents. FO, le Ciss (Collectif d’associations d’usagers), la Fnath (accidentés du travail)… sont sur la même ligne du « encore un coup dur pour les assurés ». Réponse officielle le 28 septembre.
[via] Paul Burel, ouest-france.fr