France Soir tourne la page, pas de dernier numéro en kiosque
AFP
Les rotatives de France Soir ne tourneront pas mercredi soir pour la dernière édition d’un journal mythique, passé en trente ans de leader des quotidiens français à première victime d’une ère numérique incertaine.
Pas d’ultime sortie papier pour France Soir
La direction de France Soir a décidé de ne pas sortir de dernier numéro du quotidien initialement prévu mercredi soir avant l’arrêt définitif de l’édition papier, après 67 ans de parution. « Nous avons décidé d’interrompre l’édition papier de France-Soir, pour les raisons suivantes: les locaux et le personnel de France-Soir ont été victimes hier d’une action commando violente (…) Dans ce contexte de menaces, les conditions ne sont pas réunies pour réaliser sereinement, aujourd’hui, une édition papier de qualité, dans les conditions éditoriales requises », annonce dans un communiqué Alexandre Pougachev, propriétaire du titre.
Fin de l’édition papier pour le web
Malgré une bataille de procédure entre syndicats et direction, le propriétaire du titre, Alexandre Pougachev, a décidé d’appliquer son plan : arrêter définitivement l’édition papier et tenter l’aventure d’un site internet France Soir gratuit, en supprimant au passage 89 emplois sur 127.
Les dernières semaines du quotidien ont été ponctuées par des manifestations et des actions syndicales pour tenter de dissuader M. Pougachev, en vain.
7 éditions par jour, 400 journalistes au siège
France Soir paraît pour la première fois en novembre 1944 et devient rapidement le premier quotidien de la Résistance, puis le premier journal français, franchissant le million d’exemplaires en 1953. À la grande époque, France Soir publie sept éditions par jour, plus de 400 journalistes sont sur la brèche au siège à Paris. Des centaines d’ouvriers, de cyclistes et de chauffeurs concourent 24 heures sur 24 au succès du titre. La réactivité du titre est impressionnante, il faut moins de deux heures pour qu’un nouveau journal paraisse en cas d’événement marquant.
Symbole d’une presse moderne « à l’Américaine » – grandes photos, titres « choc », infos-services et bandes dessinées -, France Soir commence pourtant à voir ses ventes reculer.
Changement de propriétaires
Pierre Lazareff, son charismatique directeur, disparaît en 1972. Henri Amouroux qui prend les rênes du journal en 1974 ne parvient pas à enrayer le déclin.
Le journal changera de main à plusieurs reprises, mais plus jamais repris par des hommes de presse.
Dernier rachat en 2009 par Alexandre Pougatchev : le jeune milliardaire russe injecte 75 millions d’euros à fonds perdus auxquels s’ajoutent une dizaine de millions d’aides publiques.
Un sursaut des ventes qui passent de 20 000 à 80 000 exemplaires pendant quelques mois sera suivi d’une valse de dirigeants et de changements de ligne éditoriale. Alexandre Pougachev, las de renflouer les caisses, fini par jeter l’éponge.
[via] ouest-france.fr