Paiement sur Internet : la fraude progresse
Les enquêteurs rechignent désormais à prendre des plaintes. Mais que les clients se rassurent :la loi impose aux banques de rembourser les victimes.
Le code monétaire impose aux banques de rembourser l'intégralité des mouvements frauduleux dénoncés par un client. Marc Ollivier
La fraude. La carte bancaire que vous avez en poche a payé, sans votre accord, un appareil photo au Canada ? Vous avez été victime de l’utilisation frauduleuse des coordonnées de votre carte. Selon l’observatoire de la sécurité des cartes de paiement, les escroqueries gagnent « significativement » du terrain dans le domaine de la vente à distance.
En France, on estime ainsi le butin de ces fraudeurs spécialisés à 67 millions d’euros (en 2008). La Banque de France appelle d’ailleurs à prendre des mesures pour mieux sécuriser les achats. Un banquier nantais le dit plus simplement : « Maintenant c’est très banal… À la maison, j’ai dit : on ne paye plus sur le net avec la carte. On trouve d’autres moyens. » Chez Mastercard, François Gandon, responsable produits et services, tient à relativiser : « En France, les taux de fraude sont plus faibles qu’ailleurs. La carte reste un moyen de paiement extrêmement sûr. »
Comment se faire rembourser ? Depuis l’automne, le code monétaire impose aux banques de rembourser l’intégralité des mouvements frauduleux dénoncés par un client, sur simple demande écrite. Le dépôt d’une plainte n’est pas indispensable. Le coût de ces remboursements est supporté par les banques ou par les commerçants qui ne protègent pas suffisamment leurs transactions.
La riposte. Sept banques françaises proposent déjà des services imparables mais souvent payants. « Nous développons des parades. On va demander à l’acheteur en ligne de s’authentifier, indique Jean-Marc Bornet, administrateur du groupement des cartes bancaires. Il y a d’autres moyens que les trois petits chiffres, au dos de la carte. Par exemple, au moment du paiement, votre banque peut vous demander de vous identifier par un code secret. Ça peut se faire par SMS ou par Internet… Cela représente 12 % des transactions, mais doit se généraliser en 2010. »
Pas de plaintes… Le 1er janvier en Loire-Atlantique, comme dans bien d’autres départements plus tôt, les procureurs ont diffusé une note. En dessous de 500 € de préjudice, les plaintes ne sont plus « systématiquement » enregistrées. Xavier Ronsin, procureur de Nantes, explique la démarche : « Est-ce que ça sert à quelque chose de prendre des plaintes si nous n’avons pas les moyens de retrouver le fraudeur, bien souvent à l’étranger ? » Il renvoie la balle dans le camp des banques. « À elles d’assurer la sécurité de leurs contrats, payants. »
… meilleures statistiques. Cette démarche exceptionnelle risque de faire disparaître des statistiques un phénomène qui représente déjà des dizaines de milliers de plaintes chaque année. À une époque où les chiffres sont devenus rois, on comprend pourquoi policiers et gendarmes ont porté cette demande auprès des procureurs. En coulisses, des enquêteurs confirment qu’il n’y a rien de tel que des plaintes jamais élucidées pour plomber les statistiques.
[ via l’article d’origine ]
Marylise Couraud et Thomas Heng, ouest-france.fr
publié, le 18 Février 2010
