« Il faut arrêter de faciliter l’usage de la voiture en ville »
A Nice, 28 891 PV pour stationnement sur trottoir ou passage piéton ont été dressés en 2009. A. Selvi / ANP
Un sondage* pour la Journée du Transport public, qui aura lieu mercredi 21 septembre dans plus de 200 réseaux urbains de France, montre que 41% des Français ne prennent pas les transports en commun. Les pistes pour les convaincre de franchir le pas avec Roland Ries, président du Gart (Groupement des autorités organisatrices de transport) et maire de Strasbourg…
➔ Vous avez mené une enquête auprès des Français concernant la tarification des transports publics. Qu’en retenez-vous ?
❏ La principale information à retenir est que trois-quarts des Français ont conscience que les transports publics coûtent moins cher que l’auto à l’usage au quotidien. Le problème est que, parallèlement, 41% des sondés disent ne jamais prendre les transports. La question qui se pose est donc: comment les convaincre ?
➔ Cela veut donc dire que l’élément coût n’est pas le seul responsable. Le problème du réseau, généralement très dense en centre-ville et moins performant en périphérie, est à prendre en compte ?
❏ Effectivement, on s’en rend bien compte à Paris, où moins de 50% des habitants sont motorisés, notamment en raison de la performance du réseau. Il n’empêche que même en milieu urbain dense, il faut montrer que l’usage de l’auto se justifie de moins en moins. Il y a donc un travail culturel à mener auprès des citoyens, et un travail pour arrêter de faciliter l’usage de l’automobile, par exemple en construisant moins de parkings, en rendant le stationnement plus cher, et pourquoi pas en instaurant des péages urbains. Il faut sortir de ce réflexe pavlovien des années 60-70, durant lesquelles on prenait sa voiture pour aller acheter une baguette. Cela a évolué, mais pas suffisamment.
➔ La plupart des réseaux de transports en commun, particulièrement dans les grandes agglomérations, saturent déjà. Comment ferez-vous pour gérer un afflux massif de nouveaux voyageurs si cela devait arriver?
❏ Nous savons que pour absorber 10% de fréquentation en plus, il faudrait doubler l’offre. Les agglomérations seront donc obligées d’investir lourdement dans les réseaux. Cela dit, une hausse de la fréquentation ne se ferait pas d’un coup, mais serait lissée sur plusieurs années.
➔ Investir lourdement suppose de trouver de nouveaux financements. Quelles sont les pistes ?
❏ L’usager ne paie que 25 à 30 % du coût réel du transport, le reste étant financé par la fiscalité, mais je ne crois pas qu’il faille pour autant augmenter les prix des billets et abonnements. En revanche, le dernier Grenelle a permis de dégager de nouvelles pistes, comme la taxation des plus-values foncières liées au développement des transports en commun, le relèvement du versement transport (payé par les entreprises), dans les communes touristiques et les agglomérations de moins de 100.000 habitants, la possibilité pour les grandes agglomérations qui le désirent d’instaurer un péage urbain, et la taxe poids-lourds, bien que l’application de celle-ci prenne du retard. Il existe d’autres possibilités, comme la dépénalisation et la délocalisation des amendes de stationnement, un prélèvement sur la TIPP, donc la vente de carburant… En l’état actuel les ressources ne sont pas suffisantes, mais les outils existent.
*Ce sondage a été réalisé les 23 et 24 août par TNS Sofres auprès d’un échantillon représentatif de 1.009 personnes.
[Via] Mickaël Bosredon, 20minutes.fr