Duisbourg : Comment un tel drame a-t-il été possible ?

Après le drame de la Love Parade de Duisbourg, où dix-neuf personnes ont été tuées dans un mouvement de foule, les autorités et les organisateurs sont sur le banc des accusés.

La foule au débouché du tunnel, samedi. le drame a eu lieu à l’entrée opposée, quand les jeunes se sont pressés pour accéder à tout prix au site. Photos AFP

Au lendemain du mouvement de foule qui a tué 19 personnes et fait 340 blessés à la Love Parade à Duisbourg, les autorités de la ville sont dans l’embarras. Elles ont renvoyé, hier, les questions sur les causes possibles du drame à l’enquête judiciaire ouverte dès samedi.

La bousculade s’est produite à l’entrée d’un tunnel, seule voie d’accès pour plus d’un million de fêtards qui cherchait à gagner le terrain de l’ancienne gare de marchandises où se déroulait la Love Parade.

« Je les avais prévenus il y a un an. Duisbourg n’est pas fait pour la Love Parade »

La plupart des morts, âgés de 20 à 40 ans, ont été trouvés à l’extérieur du tunnel, sur deux pentes raides surplombant la voie d’accès au festival.

Parmi les morts figurent sept étrangers : une Australienne, une Italienne, un Néerlandais, une Chinoise, un Bosniaque, un homme et une femme de nationalité espagnole. Au total, dix femmes et neuf hommes âgés de 20 à 40 ans ont été tués.

Le président du syndicat national de la police, Rainer Wendt, a lancé : « Je les avais prévenus il y a un an. Duisbourg n’est pas fait pour la Love Parade. La ville est trop petite et trop étroite pour un tel spectacle. » Duisbourg compte 500 000 habitants.

« L’organisation était mauvaise. Très vite, il n’y avait plus rien à boire, à part de l’alcool. Et bien que le terrain ait été déjà plein, les organisateurs laissaient encore rentrer les gens », raconte Patrick Günther, boulanger de 22 ans.

Un policier qualifie la scène « d’enfer ».

« J’ai vu des morts dans le tunnel. D’autres étaient vivants mais inconscients par terre, d’autres pleuraient », dit pour sa part Anneke Kuypers, 18 ans, une Néo-Zélandaise étudiante en Belgique. « Comme j’ai une formation de secouriste, j’ai essayé d’aider un peu. Les gens souffraient de déshydratation, certains avaient trop bu ou pris de la drogue. »

« J’étais dans le tunnel vers 17 h. Il y avait trop de barrières, et les passages étaient partout trop étroits », raconte Alexis, 28 ans, originaire de Wuppertal, une ville de la Ruhr proche de Duisbourg. « Il y avait des filles qui s’évanouissaient à cause de la chaleur. C’était dingue. Des policiers étaient sur des escaliers et tiraient les gens pour les sortir. Certains ont essayé de casser les barrières. C’était terrible. »

Pas de future édition

Les ravers, dont nombre ignoraient tout de la tragédie, ont continué à danser jusqu’à tard dans la nuit. Les autorités n’ont pas interrompu la fête, par peur de voir d’autres mouvements de panique au sein de cette foule.

Rainer Schaller, le propriétaire de la marque Love Parade, fondateur de la chaîne de salles de sport low cost McFit, a annoncé qu’il n’y aurait pas de nouvelle édition de la fête.

[via] lalsace.fr