Après dix ans, Brest découvre enfin son tramway
Le tramway de l’agglomération brestoise a représenté un investissement de 400 millions d’euros et trois ans de travaux. Ouest-France
La première ligne, longue de 14,3 km, est inaugurée ce samedi. Brest devient la 22e agglomération française à se doter d’un tram. Et déjà, on pense à une seconde ligne.
De plus en plus de voitures… et des bus qui se vident. À la fin des années 1990, Brest est à la croisée des chemins, comme tant d’autres grandes villes. La population commence à quitter la ville pour la première, voire la deuxième couronne. « Avec le coût de l’énergie, donc du transport, qui allait augmenter, nous devions proposer une solution », se souvient Marif Loussouarn, vice-présidente de BMO, Brest métropole océane, de 2002 à 2008. Ce sera le tram, inauguré samedi. Une solution avancée du bout des lèvres, face aux réticences de la population au début des années 2000.
Dix ans plus tôt, les Brestois avaient repoussé, par referendum, un premier projet. Pour la seconde tentative, pas question de brûler les étapes. « Des études, il y en a eu des tonnes », sourit François Cuillandre, maire (PS) de Brest et président de BMO. Des études, et des voyages dans d’autres villes. « Partout, le tram s’est révélé un outil fort pour redessiner une ville », souligne Marif Loussouarn. À Brest, ville détruite puis reconstruite, mais vieillissant vite, ce sera le cas. Grâce à deux crochets dans le tracé, par rapport à ce qui était prévu. Volontiers qualifié de pittoresque, le quartier de Recouvrance était en plein déclin. Construit dans les années 1970 à base de tours et de barres, Pontanezen était, et il l’est toujours, classé en zone urbaine sensible. Et traînait une mauvaise réputation.
Objectif : 50 000 voyages quotidiens
La ligne est/ouest de 14,3 km passe au cœur de ces deux quartiers. « Il y a eu là une forte volonté politique, martèle François Cuillandre. Sinon, Recouvrance aurait été à l’écart de tout. À Pontanezen, on s’est demandé comment ouvrir le quartier sur la ville ». C’est plutôt dans le centre que le tram a du mal à passer. Les commerçants, notamment, souffrent pendant les trois années de travaux. Le tram est parfois pris dans des enjeux politiciens. Avec pour questions de fond, Brest a-t-elle les moyens, et besoin d’un tram ?
Pour la première question,
la collectivité tranche rapidement. Les 400 millions d’euros nécessaires seront apportés, en grande partie, par le passage à son taux maximum du versement transport. Cet impôt sur les entreprises sert à financer les transports en commun. « Le seul levier qui permet de faire payer ce type d’investissement », justifie François Cuillandre. Le reste sera financé par l’emprunt.
Pour la deuxième question,
les élus ont eu quelques surprises. « Sur le tracé que nous envisagions, la densité de population était supérieure à ce que l’on trouvait à Lyon ou à Grenoble sur leur première ligne, quand ces villes les ont étudiées. » Dans un couloir de 500 m autour de la ligne brestoise, on trouve plus de 90 000 habitants, salariés ou étudiants. De quoi garantir, normalement, les 50 000 voyages quotidiens.
[via] Olivier Pauly, ouest-france.fr