Golfe du Mexique : Découverte de nappes énormes de pétrole sur les fonds marins

Des scientifiques ont découvert la présence d’énormes nappes de pétrole à grande profondeur, dans le golfe du Mexique. Elles suggèrent que la quantité de pétrole s’échappant du puits rompu le 22 avril pourrait être bien pire que les précédentes estimations.

La caméra d’un robot sous-marin a recueilli cette photo de la fuite principale de pétrole, sur une conduite brisée qui était reliée à la plateforme « Deepwater Horizon », avant le naufrage de celle-ci. Photo AFP

Dans son édition de samedi soir, le quotidien New York Times a rapporté que des nappes de pétrole, d’une épaisseur d’une centaine de mètres et mesurant 16 km de long et 5 km de large, avaient été découvertes sur les fonds du golfe du Mexique.

« Une quantité abominable de pétrole »

Jusqu’ici, le littoral des États de Louisiane et du Mississippi n’a été atteint que par des plaques de pétrole fragmentées et éparpillées. Mais, la découverte d’une sévère pollution dans les profondeurs montre que l’ampleur des fuites a sans doute été sous-estimée.

« Il y a une quantité abominable de pétrole dans les profondeurs, en comparaison avec ce que vous voyez à la surface. Il y a une énorme masse de pétrole sur plusieurs couches, qui s’étagent sur trois, quatre ou cinq niveaux », indique le New York Times, citant une chercheuse de l’université de Géorgie, Samantha Joye.

Les nappes sont en train de priver le golfe du Mexique d’oxygène, avec pour risque de tuer la majorité de la faune marine dans la zone, indique le journal.

Samantha Joye a précisé que la quantité d’oxygène avait baissé de 30 % près de ces nappes. Si cela continue, a-t-elle poursuivi, « nous pourrions avoir de l’oxygène à un niveau très bas, qui mettra en danger la vie des animaux dans les deux mois. C’est alarmant ».

Les nappes sous-marines ont été découvertes par des scientifiques de plusieurs universités, travaillant à bord d’un navire de recherches, le « Pelican », qui avait quitté Cocodrie, en Louisiane, le 3 mai, indique le New York Times.

Exploitée par BP, la plate-forme Deepwater Horizon a sombré à 80 km des côtes de Louisiane, le 22 avril, après une explosion, et au moins 800 000 litres de brut se déversent chaque jour dans les eaux du golfe du Mexique, selon les estimations officielles datant de plusieurs jours.

Les scientifiques qui viennent de procéder aux dernières campagnes d’observation, estiment cependant que le débit des fuites a été largement sous-estimé : dans la réalité, il pourrait être de cinq à vingt fois supérieur à celui cité !

Des crevettes polluées dans les filets

Durant le week-end, des crevettes mazoutées ont été attrapées par un chalutier au large de la Louisiane, a indiqué le gouvernement de cet État, plus gros producteur de poissons et de fruits de mer des États-Unis.

La pêche vient de rouvrir dans plusieurs zones visées par un arrêté la semaine dernière, mais elle pourrait être suspendue à nouveau, alors que des centaines de bandes de pétrole progressent de façon imprévisible vers les côtes américaines.

Le groupe BP, qui exploitait la plateforme naufragée, n’a toujours pas réussi à colmater la fuite, située à 1500 m de profondeur.

Vendredi, le géant britannique a entrepris de raccorder au puits un tube relié à un pétrolier.

BP parvient à pomper du pétrole

On apprenait, hier soir, que BP était parvenu, pour la première fois, à pomper du pétrole s’échappant du puits brisé grâce ce conduit.

Selon un communiqué des autorités américaines, le conduit a « été testé avec succès et inséré dans le puits qui fuit, recueillant un certain volume de pétrole et de gaz ».

Au lendemain de la colère de Barack Obama, qui avait accusé les dirigeants des trois compagnies impliquées dans le naufrage de la plateforme d’avoir présenté devant le Congrès « un spectacle ridicule », en se renvoyant la responsabilité de la catastrophe, British Petroleum s’est à nouveau retrouvé dans le collimateur de Washington.

Dans une lettre adressée au directeur général du groupe britannique, et rendue publique hier, deux ministres américains, le secrétaire aux Affaires intérieures, Ken Salazar, et la secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, pressent la compagnie de préciser ses « vrais intentions » concernant les indemnisations liées à la marée noire. BP a déjà annoncé qu’il verserait aux victimes une somme supérieure au plafond de 75 millions de dollars prévu par la loi.

[via] lalsace.fr