France – La sécheresse sévit là où on ne l’attendait pas
Cinquante-deux départements ont désormais pris des arrêtés contre le manque d’eau, contre quarante-six auparavant. Le Nord-Ouest, habituellement humide, est fortement touché. Les agriculteurs trinquent.
La sécheresse sévit là où on ne l'attendait pas
D’une manière globale, « la situation de sécheresse est normale pour un mois d’août », assure Hervé Brûlé, de la direction Eau et biodiversité, au ministère de l’Écologie. Hier, six nouveaux départements ¯ Val-de-Marne, Val-d’Oise, Indre, Haute-Marne, Meuse et Saône-et-Loire ¯ ont fait l’objet d’arrêtés préfectoraux contre le manque d’eau, portant à cinquante-deux le nombre de départements concernés (voir carte).
Particularité de l’été : les zones touchées se concentrent sur le Nord-Ouest, habituellement bien arrosé. « Cette sécheresse exceptionnelle s’explique par la faiblesse des pluies du printemps et de l’hiver », indique le ministère de l’Écologie. En Bretagne, le déficit de pluviométrie atteindrait entre 20 % et 50 %.
En Vendée, où les restrictions d’eau sont déjà maximales, la préfecture redoute de devoir prendre des mesures drastiques. Les coupures d’eau ne sont pas encore à l’ordre du jour, mais elles pourraient devenir nécessaires si une pluie conséquente ne tombe pas avant la fin du mois d’octobre.
Une inquiétude accrue par la baisse des ressources en eau souterraine. « Seul un tiers des réservoirs affichent un niveau normal », rapporte le Bureau de recherches géologiques et minières, chargé de surveiller l’état des nappes phréatiques. Au total, 87 % des points suivis sont en baisse.
La sécheresse n’aurait pour l’instant pas d’impact sur la faune et la flore. Le ministère de l’Écologie reconnaît toutefois qu’en l’absence de précipitations, « les milieux d’eau douce pourraient être touchés à partir de septembre ».
Les agriculteurs de l’Ouest très exposés
Parce que c’est une zone agricole, l’Ouest paie un lourd tribut à la sécheresse… Mais pas partout. « Elle touche toute la Bretagne, mais de façon très inégale, explique par exemple Jean Cabaret, porte-parole de la Confédération paysanne. Le Nord-Finistère est moins touché, tout comme le centre Bretagne, où le maïs ne souffre pas trop. » Situation plus critique, en revanche, dans le Sud Morbihan.
Les différences varient même « d’une ferme ou d’une parcelle à une autre, renchérit Marcel Le Rouzic, agriculteur à Languidic (Morbihan). S’il y a un sol profond, il y a beaucoup moins de problèmes. Mais chez nous, les terres sont légères, avec des cailloux ».
Le manque d’eau jaunit l’herbe dans les champs et ralentit la croissance des maïs qui doivent nourrir les bêtes cet hiver. Ici et là, on vient déjà piocher dans les stocks. Marcel Le Rouzic s’attend à ouvrir, dès la fin d’août, ses réserves de maïs qu’il ne pensait entamer qu’en novembre.
Et il ne fait déjà plus qu’une traite par jour. « Les vaches produisent 30 % de lait en moins, mais elles dépensent moins d’énergie, donc elles mangent moins… Nous pouvons nous le permettre car nous sommes en fin de carrière. Mais pour les jeunes, c’est beaucoup plus dur, côté trésorerie. »
[via] Anne-Claire Poignard, ouest-france.fr