Le Carnaval de Rio, une fête chère

Les touristes, cette année, doivent débourser beaucoup pour s’offrir le luxe de participer au « plus grand spectacle du monde ».

Les quatre jours du Carnaval de Rio, qui a commencé samedi 13 février, sont une fête extravagante dans tous les sens du terme et d’abord, cette année, pour les portefeuilles des touristes. L’économie florissante du Brésil, une monnaie locale fortement valorisée et des prix revus à la hausse durant le Carnaval signifient des prix exorbitants pour les visiteurs étrangers et brésiliens, qu’il s’agisse des hôtels ou des places pour les somptueux défilés.

Des « vacances extrêmement chères »

« Ce sont des vacances sacrément chères », admet Carl Farar, 33 ans, qui travaille dans une usine de moteurs de Londres. Il partage une chambre avec un ami dans un hôtel de catégorie moyenne, à quelques rues de la célèbre plage de Copacabana. Chacun a dépensé près de 5.000 dollars pour leur séjour de dix jours à Rio pour échapper au rigoureux hiver anglais. Carl Farar, qui fait le voyage tous les ans, affirme que les prix sont sensiblement plus élevés cette année. Mais que cela en valait encore la peine. « Dès qu’on dit Rio, les gens pensent carnaval », dit-il. Ses dépenses paraissent toutefois bien maigres en comparaison des plus fortunés. Au luxueux Copacabana Palace, il faut débourser pratiquement 5.000 dollars pour une nuit dans une chambre standard… et aucune n’était disponible. En dehors du carnaval, la même chambre se loue pour 500 dollars. Même la suite du dernier étage à 35.000 dollars la nuit était occupée. « Nous sommes pleins à 100% », a déclaré Claudio, un des réceptionnistes.

Le « plus grand spectacle du monde »

Les touristes étrangers ne sont pas les seuls à devoir puiser dans leur porte-monnaie pour participer au « Plus grand spectacle du monde ». Selon le journal Folha de Sao Paulo, des reines du carnaval – ces beautés bronzées et dénudées qui symbolisent les écoles de samba – payent jusqu’à 160.000 dollars ce rôle prestigieux qui leur offre une gloire nationale. Une pratique dont les écoles n’aiment pas parler. Mais le directeur artistique de l’école Uniao da Ilha do Governador a déclaré à l’AFP: « notre reine n’a pas payé. Mais certaines, dans d’autres écoles, le font ». Ce qui est reconnu, c’est que les reines payent leurs costumes: ces minuscules bikinis en strass et leurs splendides parures en plumes coûtent entre 15.000 et 30.000 dollars. Certaines ont aussi recours à la chirurgie plastique.

Le budget d’une école peut monter jusqu’à quatre millions de dollars, provenant en partie de subventions gouvernementales, de parrainages d’entreprises, d’une part sur les ventes de billet et les droits télévisés – et des 200 ou 300 dollars que les touristes payent pour acheter leur costume et participer. Les 90.000 places du Sambodrome sont aussi chèrement acquises: un siège moyen à 100 dollars est revendu deux ou trois fois son prix par des revendeurs et des agences de voyages qui ont fait main basse sur les billets dès leur mise en vente.

Cela exaspère de nombreux Brésiliens. « Mon mari et moi habitons Rio et, malheureusement, nous n’avons jamais pu assister aux défilés à cause des prix exorbitants demandés pour des places confortables », s’indigne Isabel Mendoca dans une lettre au journal O Globo.

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(Nouvelobs.com avec AFP), nouvelobs.com
publié, le 14 Février 2010