Les Vieilles Charrues, c’est du blé pour les associations
Les premiers bénévoles des Vieilles Charrues sont venus tâter la pelouse de Kerampuih. Photo Marc Ollivier
Sans ses 6 000 bénévoles, le festival de Carhaix (Finistère), qui débute cet après-midi, ne pourrait pas continuer à tracer son sillon avec autant d’ardeur. Les associations qui lui donnent la main sont payées en retour.
110 associations
Elles sont 110 à être référencées dans le listing des Vieilles Charrues. Cent-dix associations du Kreiz-Breizh (centre-Bretagne) et d’ailleurs, qui fournissent chaque année ces bataillons de bénévoles indispensables au bon fonctionnement du premier festival pop-rock en plein air de France.
Ces bénévoles, ils sont près de 6 000, répartis entre les buvettes, la restauration, les entrées, la plonge, le nettoyage, les parkings… Pour Carhaix, ville d’un peu plus de 8 000 habitants au coeur des vertes prairies du centre-Bretagne, c’est déjà une gageure. Qui dure.
Sacré boulot
Sylvie Poulichet, ancienne bénévole, salariée des Vieilles Charrues depuis neuf ans, s’occupe de ce petit monde. Sacré boulot. « Pas toujours facile d’élaborer des plannings en tenant compte des impératifs de chacun », sourit-elle.
Tu parles. À raison de quatre heures par jour maximum pour chaque bénévole, pendant toute la durée du festival, avec un jour complet de repos, il faut savoir jongler avec ces fichus plannings.
Mais peu importe. Entre le festival et ses bénévoles, c’est vraiment une histoire d’amour. « Ils ont entre 16 et 80 ans. Parfois plus », insiste leur « patronne ». « C’est le seul festival où ta mère peut te servir une bière sans tiquer », rigole Gildas, festivalier de la première heure, aujourd’hui l’un des piliers du « pôle » restauration. C’est même un lieu de rencontres. « Nous recevons régulièrement des faire parts de mariages. Et de naissances », glisse Sylvie.
Du beurre dans les épinards
Tout le monde y trouve son compte. Les Vieilles Charrues, bien sûr, qui ne pourraient pas continuer à tracer le sillon creusé par les vieux socs de 1992 quand fut lancé le festival. Et les associations. Car chacune d’entre elle reçoit une enveloppe dont l’épaisseur est proportionnelle au nombre d’heures de bénévolat fournies.
« On bosse dur pendant quatre jours. Mais c’est sympa. explique ce président d’un club sportif carhaisien. Et ça nous permet d’acheter des maillots pour les gamins, de financer nos déplacements. C’est du beurre dans nos épinards de tous les jours… »
Dylan pour l’espoir
L’association Dylan pour l’Espoir, elle, sera présente pour la treizième année consécutive. « Nous venons depuis que le festival a déménagé du centre-bourg à Kerampuilh », raconte Viviane Castel, la maman de Dylan, jeune homme d’aujourd’hui vingt ans qui souffre d’un handicap psychomoteur nécessitant des soins importants qui ne peuvent, parfois, être prodigués qu’à l’étranger.
Chaque année, une trentaine de bénévoles de l’association se relaient sur le stand « crêpes » principal. « Une de nos adhérentes, qui vit en Guyane, vient chaque été à Carhaix. » Résultat : bon an, mal an, Dylan pour l’espoir récolte 700 € à 800 €. « C’est très important pour nous. En plus, se retrouver dans une ambiance festive et toujours bon enfant soude le groupe. »
L’hiver, c’est le repos du laboureur
Après chaque édition, l’hiver venu, bénévoles et responsables des Charrues se retrouvent autour d’une bonne table. Ils sont, chaque fois, entre 2 000 et 3 000, avec un concert ou un spectacle à la clé. Dont carrément Matthieu Chedid en 2010 !
A Carhaix, on appelle ça le repos du laboureur. Cela permet aussi de déguster quelques anecdotes savoureuses. « Tous les ans, raconte le responsable des objets perdus du festival, j’ai un festivalier qui vient me réclamer sa belle-mère. Toujours le même ! » De l’humour carhaisien ?
[Via] Jean-Yves Quemener avec Aurore Dupont, ouest-france.fr