Mutuelles : se soigner coûte de plus en plus cher
Optique, soins dentaires, audioprothésie : les tarifs des complémentaires santé s’envolent.Une hausse moyenne de 5 % cette année, annonce le président de la Mutualité française.
Notre santé coûte de plus en plus cher. Alors que l’assurance-maladie, au déficit abyssal (11,5 milliards en 2009, 15 annoncés pour 2010), serre gentiment le robinet des remboursements, les cotisations 2010 des mutuelles sont à la hausse. Aussi bien dans le haut de gamme, pour ceux qui peuvent se l’offrir sur ce marché ultra-concurrentiel, que dans les formules plus classiques.
Selon une étude de l’UFC-Que Choisir, la part du revenu des ménages consacrée à la santé a doublé depuis 2001. En 2010, On parle de + 3 à + 7 %. « Pour tenir compte des nouvelles charges qu’elles assument, la moyenne de la hausse des tarifs des mutuelles sera autour de 5 % », confirme, Jean-Pierre Davant, le président de la Mutualité française.
Renoncement aux soins
L’augmentation de 2 € du forfait hospitalier (de 16 à 18 €), l’épidémie de grippe A (H1N1) concourent au transfert du coût croissant des dépenses de santé vers les mutuelles, comme la taxe de 3,4 % sur leur chiffre d’affaires qui pèsera un milliard d’euros pour les quelque huit cents mutuelles qu’il représente.
« Les complémentaires santé, à qui tout déficit est interdit, ne peuvent faire autrement qu’augmenter leurs prix, reconnaît Jean-Pierre Davant. Du coup, en dépit des dispositifs d’aides, de plus en plus de gens n’ont, d’ores et déjà, plus les moyens d’y cotiser. »
Aujourd’hui, cinq millions de Français ne sont pas couverts par une telle complémentaire. Et si les ménages n’acquittent, en réalité, que 9,4 % des dépenses de santé (sur un total de 215 milliards d’euros en 2008), inévitablement les hausses des cotisations poussent de plus en plus de personnes à opter pour des contrats à bas prix, pas toujours synonymes d’une couverture décente. Ou, pire, à renoncer aux soins de base (dentaires, optiques) où le « reste à charge » augmente aussi année après année.
« Penser que l’assurance-maladie peut réduire son déficit en transférant une part de ses dépenses sur les complémentaires est une grave erreur, martèle Jean-Pierre Davant qui, depuis des années, parle de la nécessité de réorganiser le système de santé bâti sur un modèle qui date de l’après-guerre pour que chacun, quels que soient ses revenus, puisse se soigner correctement. Je persiste à croire qu’on produit des soins trop chers en France. »
[ via l’article d’origine ]
Pierre CAVRET., ouest-france.fr
publié, le 13 Janvier 2010