France -La Sécurité sociale reste en salle d’attente
Le déficit de la Sécurité sociale devrait être ramené à 13,9 milliards. Philippe Renault.
Malgré ses sévères difficultés, elle ne subira pas d’opération lourde… Le budget 2012 se contente de la soulager, avec des remèdes traditionnels : ponction sur les mutuelles, le tabac, l’industrie pharmaceutique…
Prudence électorale
Jamais de réforme de la Sécurité sociale qui fâche en année électorale, ainsi le veut une longue tradition française. Le budget 2012 ne déroge pas à la règle. La chirurgie n’est pas à l’ordre du jour, malgré l’alarme récente de la Cour des comptes sur « l’extrême fragilisation de notre protection sociale ». Donc pas de hausse du ticket modérateur, de nouvelle franchise hospitalière, ou encore de déremboursements massifs de médicaments. Et surtout pas de réforme de la dépendance des personnes âgées, considérée pourtant comme un marqueur majeur des ruptures du quinquennat. Le dossier est renvoyé au-delà de l’élection présidentielle.
Volontarisme de façade ?
Pour autant le budget Sécu s’affiche volontariste. Grâce à une prévision de croissance qu’il maintient à 1,75 % et aux mesures d’économies dévoilées pour la plupart fin août dans le plan Fillon d’économies, le gouvernement veut croire à une réduction significative des déficits. Entre 2010 et 2012, le déficit total du régime général (24 milliards) serait réduit de 40 % pour descendre à 13,9 milliards. Alors que celui de l’Assurance maladie serait divisé par deux pour passer juste sous la barre des 6 milliards.
Il faut noter, dans le même temps, que la dette née des déficits cumulés, et gérée par la Cades (Caisse d’amortissement de la dette sociale), ne cesse d’enfler : 135 milliards fin 2010. Pour le coup l’amortissement de la dette ne cesse d’être repoussé, en 2025 ou plus tard.
Quoi de neuf pour les Français ?
Nombre de dispositions ciblées vont toucher directement les Français dans leur gestion santé au quotidien. Les indemnités maladie journalières s’inscriront à la baisse et les contrôles seront encore renforcés. La hausse de 3,5 % à 7 % de la taxe sur les « contrats responsables et solidaires » des mutuelles sera certainement répercutée sur les cotisations. Les médicaments jugés peu efficaces pourraient ne plus être remboursés. Cependant le prix des médicaments devrait diminuer, grâce aux efforts demandés à l’industrie pharmaceutique, à la baisse des marges des grossistes répartiteurs, à la promotion des génériques.
Le coup du tabac…
Une fois de plus le tabac (+ 6 % en octobre et à nouveau + 6 % en 2012) passe au guichet de l’alourdissement de « la fiscalité comportementale » (sic). Il est rejoint par les boissons alcoolisées, dont les taxes sont relevées, ainsi que les boissons à sucre ajouté. Le prix moyen d’une canette de soda devrait augmenter d’un centime. Du côté de la CSG, les dérogations seront atténuées. Avec la réduction de l’abattement forfaitaire pour frais professionnels (de 3 % à 2 %). Avec aussi l’assujettissement à la CSG de l’allocation de congé parental, « le complément de libre choix ». 550 000 familles étaient concernées en 2009. Enfin, des aides spécifiques sont accordées aux familles fragiles, tel le relèvement du plafond des ressources pour les parents isolés.
[via] ouest-france.fr