Elle a plus de 500 décors de télé à son actif
Difficile de l’imaginer, mais les candidats de Secret Story vivent en réalité dans un hangar. À La Plaine-Saint-Denis, cette pépinière de studios aux portes de Paris. Eh oui ! avant que la décoratrice Michèle Sarfati n’y mette son grain de sel, il n’y avait rien. Ni jardin avec piscine en forme de puzzle, ni chambres aux couleurs criardes, ni multiples Joconde revisitées façon Pop Art.
Michèle Sarfati, sur le plateau de la Star Academy, en 2007. DR
« On démarre très souvent de zéro et c’est cela qui est excitant », raconte cette brune quadragénaire, à la tête d’une société de conception de décors pour la télévision, Télédéko. Pour Masterchef ¯ le grand concours culinaire de TF1, qui débute jeudi ¯ cela s’est déroulé de la même manière : « À partir d’un simple hangar, nous avons créé un restaurant avec sa façade extérieure en bois, un bar-lounge et une épicerie. »
« Une caméra dans la tête »
Le tout en trois mois, parfois plus, souvent moins quand il s’agit d’émissions ponctuelles. Mais Michèle Sarfati a l’habitude. Depuis ses débuts dans les années 1980, comme assistante de Philippe Désert – le père des premiers décors de Canal + – elle a imaginé plus de cinq cents lieux de tournage. Des intérieurs destinés à héberger des participants plusieurs semaines durant (Secret Story, la dernière Star Ac’), mais surtout des plateaux : pour des jeux, des émissions de variétés – dont l’Eurovision en 2007 – ou des magazines. Les fauteuils-cubes lumineux de Ce soir ou jamais ? C’est son idée pour rendre plus sexy le débat culturel nocturne de Frédéric Taddéi, sur France 3.
« Le premier décor que j’ai pu voir de près, c’est celui de la série Maguy », se souvient-elle dans son bureau aux murs rose fushia, à Saint-Cloud, en région parisienne. « Quand j’ai vu cette maison dont les cloisons étaient fixées par de simples béquilles, j’ai compris que tout était possible. Il y a beaucoup moins de contraintes que dans l’architecture. » Sauf celle de réfléchir avec une caméra dans la tête. « Il faut anticiper le placement des caméras et l’éclairage, faire attention aux proportions : comme les caméras agrandissent énormément l’espace, si on construit quelque chose de trop grand, cela peut vite paraître vide… »
Car ces espaces n’ont pas qu’une importance esthétique. La preuve, énonce la chef décoratrice, non sans un brin de fierté : depuis qu’elle a relooké Le magazine de la santé de France 5, il y a un an, avec des murs carmin et un bureau luminescent pour une ambiance plus chaleureuse, l’audience de l’émission a bondi.
[via] Florence LE Mehauté, ouest-france.fr
