Camélia a déjà tout d’une grande

Révélée par le concours « Nouvelle Star » sur M6, Camélia Jordana est passée, en un an, du lycée à un premier album très « adulte », malgré ses 17 ans.

Camélia Jordana : « Après « Nouvelle Star », il était impensable pour moi de revenir m’asseoir en classe pour écouter un prof derrière un bureau. » DR

Chouchou du jury et d’une bonne partie du public de l’édition 2009 de « Nouvelle Star », Camélia Jordana n’a terminé que troisième du concours télévisé, mais celui-ci a été un véritable tremplin pour la lycéenne varoise, qui raconte avec humour, volubilité et sans lunettes ( « Je ne veux pas devenir une caricature de moi-même ») cette année écoulée, celle d’une maturation accélérée.

Un premier album éponyme
Le soir même de ma sortie de « Nouvelle Star », le patron de Sony m’a appelée pour me proposer d’enregistrer un album. Dans la semaine qui a suivi, j’ai rencontré les équipes avec lesquelles j’allais travailler. Plutôt qu’un album de reprises, j’ai opté pour des chansons nouvelles (signées Babx, Mathieu Boogaerts, Abel K1…). J’ai reçu 400 chansons, mais j’ai posé mes critères. Il y avait des tubes potentiels, bien foutus, mais je ne me voyais pas en chanter les paroles. Il fallait que les textes me touchent, soient en rapport avec ce que j’étais, l’état dans lequel j’étais à l’époque.

J’ai 17 ans, je sors d’une émission populaire, je n’écris pas : je ne voulais pas m’engager dans une direction particulière, plutôt un mélange de tout ce que j’aime : folk, pop, un peu de jazz, chanson… Le côté rétro, je l’ai réalisé après-coup, une fois l’album sorti.

La découverte de l’amour
J’ai sélectionné les morceaux entre début juin et mi-octobre, c’était l’été de mon premier amour, et de mon premier chagrin d’amour… J’ai beaucoup grandi. J’ai compris que ma vie ne serait plus rythmée que par l’amour et la musique. La découverte de l’amour a changé ma façon de chanter : avant, je le chantais sans trop savoir ce que c’était, même si j’y mettais de l’émotion. J’ai appris aussi que l’on peut se mettre dans la peau de quelqu’un d’autre pour interpréter des chansons.

Une nouvelle vie
Je venais de vivre une expérience incroyable et j’entrais dans la vie adulte, projetée dans un monde de trentenaires super cool, qui sortent tous les soirs à des concerts… J’ai toujours été dans les extrêmes. Quand je suis bien, ça se voit, et quand je ne suis pas bien, ça se voit aussi beaucoup. Je suis très expressive.

J’ai quitté l’école l’année dernière en mars pour « Nouvelle Star », et je n’y suis jamais retourné. J’étais en première littéraire. Je me suis inscrite au Cned en septembre, mais je n’ai pas ouvert mes cours une seule fois. Je n’ai cependant pas rompu mes relations avec mes camarades de lycée : certains n’ont pas supporté mon changement de vie, mais les meilleurs copains sont toujours là.

Suivre sa voix ?
Ce n’est pas ma voix qui m’a poussée à chanter. J’ai toujours écouté énormément de musique, mais je n’avais jamais pratiqué sérieusement : je chantais sous la douche et en faisant la vaisselle, ça faisait hurler mes parents… Je suis arrivée au casting de « Nouvelle Star » en touriste, et paradoxalement, c’est ma mère qui était à fond dans le truc. Ca m’a beaucoup touchée. Pendant l’émission, il y a eu aussi beaucoup de témoignages du public, notamment sur internet, qui m’ont émue. Ca m’a aidée à tenir le coup : Baltard, c’est très physique, on ne dort pas beaucoup, on perd sa voix…

« Nouvelle Star »
Je continue à suivre « Nouvelle Star » cette année, mais je suis jalouse, je veux qu’ils perdent tous ! J’aimerais tellement être encore à leur place ! J’ai gardé d’excellentes relations avec toute l’équipe de production. Je voulais retenter ma chance, mais ce n’est pas possible quand on est déjà arrivé dans les dix derniers. André (Manoukian) m’a proposé de participer au jury, ça pourrait être marrant…

J’ai profité de chaque instant, c’était une expérience trop jolie ! Après ça, il était impensable pour moi de revenir m’asseoir en classe pour écouter un prof derrière un bureau.

Je ne comprends pas pourquoi les médias s’acharnent à dire que la vraie gagnante de l’an dernier, c’était moi. Le public a voté et a élu Soan, point. Mais depuis Amel Bent (qui, comme Camelia, avait fini troisième, en 2004), gagner ou pas, ça ne change rien. À partir du moment où on arrive dans les dix derniers candidats, on a sa chance.

Quels que soient son âge ou sa situation professionnelle, quand on a vécu une expérience comme celle que j’ai vécue sur M6, je ne comprends pas comment on peut avoir la force et le courage de revenir à sa vie d’avant. Demain, quoi qu’il arrive, je continuerai à faire de la musique : je sais désormais que l’on peut en vivre même si on n’est pas signé en major. Mais j’aimerais bien avoir le bac, un jour…

[via] Propos recueillis par Olivier Brégeard, lalsace.fr